Gamboa Vincent, Meslin Lucas

Entretien avec Vincent GAMBOA et Lucas MESLIN, tous deux engagés dans la création d’une filière de recyclage des déchets en fibre de carbone

Par le 7 février 2019

Le secteur de la fibre de carbone est assez ésotérique. On ne peut pas vraiment dire que le sujet soulève les foules. Comment en êtes vous arrivés à vous préoccuper du recyclage de la matière ?

Vincent Gamboa : Le sujet est plus passionnant qu’il n’y parait. Nous avons des parcours bien différents. Pour ma part, cela fait une dizaine d’années que je travaille dans le domaine de la réparation de l’équipementier sportif en carbone. A aucun moment je n’ai cherché à me familiariser avec la problématique du traitement des déchets. Je n’en ai pas eu besoin. Elle s’est imposée d’elle-même. A force que des clients m’interrogent sur le devenir de leurs matériaux défectueux et inutilisables, je me suis naturellement posé la question, sans parvenir à trouver la réponse.

Lucas Meslin : Le Point de départ, me concernant, c’est une discussion amicale que j’ai eu avec Vincent Gamboa sur l’enfouissement, faute de solutions alternatives, de volumes colossaux de déchets carbone. Nous avons alors, poussés par nos convictions et notre sens du défit, envisagé de participer à l’émergence des solutions de demain.

Mais c’est un domaine d’initiés, assez technique, comment vous-êtes vous fait une place ?

Vincent Gamboa : En partant de ma connaissance de la matière et de l’expérience de Lucas Meslin dans les relations publiques et la communication, nous avons réalisé une cartographie exhaustive du marché de la fibre de carbone. Si la matière est complexe, son marché l’est tout autant. Il nous a fallu identifier les acteurs, leurs spécificités, leurs besoins…

Lucas Meslin : Nous pouvons aujourd’hui affirmer, sans prétention aucune, que nous connaissons le marché de la fibre de carbone et toutes ses composantes. Le chantier était colossal et nous avons dû nous armer de patience et de diplomatie pour dresser un état des lieux que nous ne cessons d’actualiser. Les enjeux de l’industrie de l’automobile ne sont pas les mêmes que celles de l’aviation ou de l’équipementier sportif. Nous avons su nous adapter, sans perdre de ce qui fait notre authenticité, pour provoquer des convergences d’intérêts dans le respect de l’environnement.

Quel constat tirez-vous de cet état des lieux ?

Vincent Gamboa : Que la problématique est de taille et que les acteurs concernés semblent en avoir conscience et sont disposés à y remédier. Le problème, c’est que toutes les volontés du monde ne sont rien si elles ne sont pas harmonisées. Si chacun fait dans son coin, on ne bouge pas d’un millimètre. Nous ne prétendons pas avoir la solution miracle ou l’idée révolutionnaire. Nous tenons un discours de vérité et articulons la création de la filière de recyclage en y associant l’ensemble des forces en présence.

La filière de recyclage justement, parlons-en, quelles actions déployez-vous, pour lui donner vie ?

Lucas Meslin : Au-delà de l’énergie folle que nous dépensons pour alerter sur les risques environnementaux d’un mauvais traitement des déchets carbone, nous impulsons une dynamique de recyclage sous l’angle de la réparabilité, du réemploi de la matière et par la réalisation d’éco-innovations. Ces éco-innovations, produites dans des proportions qui peuvent varier selon les projets, sont autant de fibres de carbone détournées d’un enfouissement certain.

Vincent Gamboa : Ce qu’il faut retenir de notre initiative c’est que les éco-innovations sont le premier pas d’une filière ambitieuse qui devra à terme intégrer toutes les typologies de déchets carbone, tous les gisements, pour aboutir à une matière ou des produits, dont les propriétés permettront d’être injectés dans un circuit classique de production

Les industriels sont sommés de prendre le virage de la transition écologique. Ils sont à la fois responsables de la situation et détenteurs de solutions. Quelle approche adoptez-vous vis-vis à des groupes industriels ?

Lucas Meslin : Nous ne sommes en aucun cas dans une logique d’incrimination. Pour la simple et bonne raison que nous n’y voyons que des points de crispation qui ne feraient que ralentir la marche en avant. Tout d’abord, il serait assez réducteur, voir malhonnête, de présenter les professionnels impliqués dans la production et l’exploitation de la fibre de carbone comme uniques responsables. La situation est ce qu’elle est. Elle est le fruit d’intérêts qui nous dépassent. Pour nous, les responsables sont ceux qui ont conscience des conséquences d’une gestion des déchets laissant pour le moins à désirer, qui ont les moyens et la possibilité d’en réduire l’impact environnemental mais qui préfèrent se complaire dans l’inaction. Avec Vincent Gamboa, nous partons du principe que nos interlocuteurs sont volontaires pour expérimenter un modèle de gestion des déchets composite éco-responsable. Si jugement il y a, il ne peut leur être que favorable.

Parmi tous les procédés de valorisation des déchets carbone, lequel vous semble le plus susceptible d’être déployé à grande échelle ?

Vincent Gamboa : Avec Lucas Meslin, nous refusons de négliger un seul de ces précédés. Qu’il s’agisse de la réparabilité, du réemploi ou de mécanismes de séparation de la fibre et de la résine par une action de vapo-thermolyse ou de broyage, il existe des voies de production qui ne demandent qu’à être investies. La filière de recyclage que nous préfigurons devra répondre aux besoins industriels autant qu’elle devra, de par son aspect innovant, en générer de nouveaux. Le marché de la fibre de carbone est tellement disparate que tous ces procédés y joueront un rôle essentiel.

Etes-vous confiants dans la création de cette filière de recyclage ?

Vincent Gamboa : Nous le sommes. Les avancées que nous constatons, l’accueil que reçoit notre discours et les perspectives qui s’offrent à nous, nous donnent de bonnes raisons d’être optimistes.

Lucas Meslin : Nous sommes engagés dans cette filière, au même titre que d’autres, avec une détermination qui nous rend confiants pour la suite.

2 Comments

Gaucher Anne

février 7, 2019 @ 18:08

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Bravo les garçons de vous être engouffrés dans ce créneau o combien semé d’embûches.. Votre démarche innovante, votre courage et votre pugnacité auront raison de toutes les difficultés ! Bon courage et que le meilleur soit devant vous !

Babacar seck

février 7, 2019 @ 22:28

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Gardez cette motivation cette spontanéité très beau projet de tout cœur avec vous .

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